Yamaha DMP11

ET ARRIVA LE MIXAGE NUMERIQUE ...

Pendant longtemps, un home studio, c'était des instruments, des effets, des écoutes, un système d'enregistrement, un séquenceur et au milieu une table de mixage (et beaucoup, beaucoup de câbles). Étonnamment, alors que la numérisation faisait évoluer les synthés rapidement en intégrant leur périphérique (séquenceur, effet), que les ordinateurs ou systèmes dédiés (ADAT) prenaient une place prépondérante dans l'enregistrement, le mixage resta longtemps la dernière roue du carrosse à voir la couleur des processeurs. Yamaha va s'intéresser à la question avec son approche habituelle : un produit de qualité à un prix très serré qui puisse convenir aux besoins d'un "grand" nombre : la table numérique pour le commun des mortel. Voici les Digital Mixing Processor (DMP). 

HISTORIQUE

La DMP11 est directement inspirée de la DMP7, sortie en 1988. Cette console numérique est une petite révolution à l'époque. Dans un format table de mixage, elle intègre 8 voies traitées numériquement en 16 bits, 3 multi-effets type SPX90, 1 équaliseur numérique, la possibilité de tous mémoriser et rappeler (Total Recall) et le pilotage intégral de toute les fonctions en MIDI. Tous ça pour 4 500 € (30 000 Fr.) ce qui fait tout de même cher à l'époque.

La DMP11, sortie fin 1989, en reprend les principales fonctions, dans un format rackable 19' 4U, pour pratiquement la moitié du prix : le mixage numérique est enfin accessible. Elle est plus particulièrement destinée à prendre place dans une config home-studio alors que la DMP7 est destinée à un usage plus fréquent en live.

Petit rappel de la lignée des mixers digitaux inaugurée par les DMP7 et 11 :
- DMP7 (1988) : console, 8 voies mono, échantillonnage 16 bits à 44,1 kHz, 3 multi-effets (SPX90) et une sortie effet, compresseur sur sortie stéréo, 30 mémoires et sauvegarde sur cartouche RAM4. Par tranche : égaliseur 3 bandes, phase, 3 départ d'effets pre ou post (2 internes, 1 interne/externe), pan, fader motorisé.  
- DMP11 (1989) : rack 19' 3U, 8 voies mono, échantillonnage 16 bits à 44,1 kHz, 2 multi-effets (SPX90) et une sortie effet, 96 mémoires et 4 banques de chaînes. Par tranche : égaliseur 2 bandes, phase, 3 départ d'effets pre ou post (2 internes, 1 interne/externe), pan, fader motorisé.
- DMP9-8 (1992) : 8 voix mono regroupable en 4 paires stéréo, entrée A/D 16 bits; entrées D/D 20 bits; 24 bits, sortie D/A 18 bits, sorties D/D 20 & 24 bits, multi-effets, total recall, fader
- DMP9-16 (1993) : rack 19' 3U, échantillonnage 48 kHz, processeur maître 28 bits, 16 voix mono regroupable en 8 paires stéréo, 2 entrée micro, 2 retours d'effets, entrée A/D 16 bits; entrées D/D 20 bits; 24 bits, sortie D/A 18 bits, sorties D/D 20 bits; 24 bits, 2 multi-effets (2 internes 24 bits et 2 externes), égaliseur 32 bits, 3 traitements en sortie (compresseur, limiteur, gate)
- ProMix01 (1995) : Le ProMix est à la fois l'aboutissement de la série DMP et le prémice des tables numérique moderne suivantes. Console rackable, échantillonnage 48 kHz, 16 voix mono regroupable en 2x8 paires stéréo, 1 entrée stéréo, 2 retours d'effets, entrée A/D 24 bits; entrées D/D 24 bits; 24 bits, sortie D/A 20 bits, sorties D/D 20 bits; multi-effets 24 bits (2 internes 24 bits et 2 externes), equaliseur 3 bandes 36 bits.

Puis la ligné va se poursuivre et s'étendre à partir de la 02R (1996), la 03D et la 01V (1998). Dix ans après la DMP7, la révolution est finie, les tables numériques font partie du paysage des homes-studios et des scènes live des groupes amateurs. 

IMPRESSION

Cette console, si elle est datée, prend parfaitement sa place dans un set MIDI comme le mien. Elle est idéale pour mixer mes synthés '80 dépourvus d'effet, eux-même en 12 ou 16 bits de résolution (au mieux) : Korg DW8000, Ensoniq ESQ1, Casio VZ8m, Kawai K1r.

Les effets internes, sans être exceptionnels, remplissent leur fonction honorablement. Habitués des SPX, bienvenus en terrain ami. Par contre, n'en attendez pas le rendu d'une Lexicon. Les effets Yamaha 16 bits des '80 ont toujours été froid, avec un rendu légèrement métallique. Donc à utiliser avec modération et retenu en reprogrammant les reverbs et délay. Une particularité, c'est la gestion du départ d'effet externe qui est géré via l'effet interne 1 ou 2, lui-même actif ou pas. En fait, vous avez 2+1 départ et retour d'effet par tranche.

La différence la plus notable par rapport à sa grande soeur, la DMP7, c'est l'absence de faders motorisés. Vu l'usage que j'en fais, cela n'a pas d'importance puisque j'y enregistre mes configurations de mix qui sont ensuite rappelées par program change depuis le séquenceur. Mais la DMP11 n'est pas faite pour un usage live. C'est un élément qui se programme plus qu'elle ne s'utilise : en live, elle sera plus à sa place en premix des claviers par exemple. Par contre, comme sur la DMP7, les faders servent aussi de contrôleurs pour régler les entrés mono, les sorties stéréos, les départs et les retours d'effets, le switch se faisant via le bouton "Fader Flip".

L'implémentation MIDI très complète couvre toute les fonctions de la machine. Cela veut dire que l'on peut enregistrer ou programmer à peu près n'importe qu'elle modification de tranche, de retour ou de master pendant le jeux et elle sera rejouée à l'identique. Et aussi copier les paramètres d'une tranche sur une autre. Vous pouvez ensuite enregistrer la configuration dans 96 programmes, eux même chaînables pour vous permettre de faire évoluer la configuration au sein même d'une morceau, par exemple pour un changement d'effet ou de repatch du signal. La transition entre 2 programmes se gère automatiquement via un fade réglable (0.1 à 10 secondes).       

SPECIFICATIONS TECHNIQUES DE LA DMP11

Type : console de mixage numérique
Ecran : 1 à led 7 segments (n° de programme), 1 LCD rétro-éclairé sur 2 lignes
Echantillonnage : 16 bits linéaire à 44,1 kHz
Mémoire interne :
- 96 programmes de 1 à 96 (protégés par défaut)
- bank 0 rappelle les réglages usines,
- 4 banques de chainage de programmes avec réaffectation du canal MIDI 
Mémoire externe : via dump MIDI
Effets internes : 2 multi-effets programmable 16 bits, type SPX90 (programmation identique) :
- le premier propose 20 effets : 4 reverbes, 2 gate, delay, echo, 2 flanges, phasing, 2 chorus, 3 pitch ...
- le second propose 5 effets : flange, stéréo écho, chorus, phasing et panpot.
- réglage du retour : solo/mute/on
Réglages par tranche mémorisés et aussi transmis/piloté en MIDI :
- canal : on/solo/mute
- phase : normal/reverse
- égaliseur : on/off, fréquence, Q, Type (écrêtage, coupure, dynamique)
- niveau de sortie
- Pan stéréo : 17 positions
- effet pré ou post fader,
- effet 1, 2 et out niveau de départ et de retour
Egaliseur : par tranche, paramétrique 2 bandes avec 3 réglages par bande (fréquence, largeur et gain)
Bande passante : de 20 Hz à 20 kHz, +1 0 -3 dB
Dynamique : 92 dB sur stéréo out
Entrées : 
- 8 entrées jack mono, avec réglage du gain -20 à +4 dB 
- 1 pédale de controle MC9 d'incrément Volume ou Data Entry
- 1 DIN 8 pin numérique (pour lier avec un autre DMP, DEQ, SPX)
Sorties : 
- 1 stéréo XLR, 
- 1 stéréo jack
- 1 stéréo casque (en facade)
- 1 départ d'effet mono géré via l'effet 2
- 1 DIN 8 pin numérique (pour lier avec un autre DMP, DEQ, SPX)
Oscillateur : 2 sin et 1 saw à 8 pas, bruit rose.
Midi : In/Out/Thru,
Dimension : rack 19' 3U, 48x18,6x28,7 cm
Poids : 8 kg
Année de sortie : 1989
Prix neuf : 2 500 € (16 500 Fr)
Prix d'occasion : 80 € (2010)

LIENS ET SOURCES

Présentation de la DMP11, Keybords 20, page 96
Présentation de la DMP7, Keyboards 7, page 68

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Mise à jour le 11 janvier 2011

2 commentaires:

  1. Merci, ce que tu as rassemblé sur la DMP11 est ce que j'ai trouvé de plus complet sur la DMP11 (à part de mode d'emploi bien sûr) et c'est en français ! La mienne traînait dans un rack fermé avec un MJC8 et je ne l'avais pas allumée depuis 1998 environ...
    J'ai vu que tu n'es pas contre un Kurzweil 1000 PX. Le mien est un PXA (le soundblock supplémentaire) les sons restent superbes (la clarinette, la flute sont les meilleures que j'ai, les pianos restent excellents, contrebasse tres bien aussi etc...). Je ne m'en sers pas suffisamment pour le garder et en prendre soin.

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