Oberheim Matrix1000

LA COLLECTION OBERHEIM POUR TOUS


Quand Oberheim se décide à sortir le Matrix1000, c'est la réponse d'un grand de l'analogique face à la déferlante des romplers et autres boites à sons. Et quelle réponse : 1000 sons Oberheim éditables dans un rack 1 pouce, cela ne s'était jamais vu et surtout pas à ce prix là. Et ceux qui avait peur que la qualité ne soit pas au rendez-vous seront vite rassurés : le son si caractéristique de la marque, et des Matrix en particulier, est bien présent, faisant de ce petit expandeur un ''must have'', aujourd'hui encore très recherché.

HISTORIQUE

Si la genèse d'Oberheim remonte au premier module monophonique SEM (1974) et au premier analogique à mémoire OB1 (1978), la ligné du Matrix1000 remonte au Matrix6 (1985), premier effort pour proposer un synthé analogique Oberheim à un plus large public. Chez Oberheim, le souci du musicien a toujours été prédominant. Tom est venu aux synthés à travers sa clientèle de musiciens : il avait fait l'UCLA et distribué des synthés. Il réalisait divers modules électroniques au début des années 70 : phaser, séquenceur, effets ...

Voici en quelques lignes (je n'en suis pas un spécialiste) les grandes machines de Tom Oberheim :
- SEM (1974), module analogique contrôlé par tension suivi des 2 à 8 voix (1975), des SEM empilés. C'est clairement du semi-modulaire, puisque chaque module SEM est indépendant. On pouvait lui adjoindre un programmeur à 16 mémoires, un séquenceur de 2x8 notes, un simple ou double clavier (from Emu), des interfaces, ... Pour les puristes, c'est l'Oberheim de référence.
- OB1 (1978) est un monophonique à mémoire (8), entièrement programmable, du niveau d'un SEM, mais mieux intégré question mémorisation. Un killer de Roland SH101, s'il n'y avait eu le prix ...
- OBX (1979) rassemble 4, 6 ou 8 voix d'OB1, avec 32 mémoires. Sensé être la réponse au Sequencial Prophet5, il faudra en fait attendre l'OBXa.
- OBSX (1980), la version non-programmable à mémoire (56).
- DMX (1980), la boite à rythme à base de samples qui va bien avec l'OBX et le séquenceur DSX.
- OBXa (1981) : synthétiseur polyphonique 4, 6 ou 8 voix, reprenant la base de l'OBX en mieux : plus léger (!?), une meilleure capacité de programmation, un filtre commutable, splitable, deux LFO. Pour beaucoup, il reste le dernier "pure" analogique d'Oberheim.
- DSX (1981), le premier séquenceur polyphonique (6000 events) qui va bien avec l'OBX et la DMX. L'ensemble vous faisait une petite station de travail, le Oberheim System.
- DX (1982), version light de la BAR DMX.
- OB8 (1983) vient succéder à l'OBXa. Les contrôles ne se font plus par tension, c'est l'émergence des microprocesseurs, garant d'une meilleure stabilité, d'un son plus fin mais sans doute aussi moins "vivant".
Matrix12 (1984), synthé analogique 12 voix et Midi (nouveau chez Oberheim). Il vient compléter la gamme par le haut : à l'époque, l'OB8 coutait 40 000 Fr, le Matrix12 coutait 60 000 Fr. Le Matrix12 proposait 100 mémoires, un filtre multimode extrêmement puissant, une programmation profonde, c'était le "must have" de l'époque en grosse machine. Il est désigné par Marcus Ryle et Michael Doidic, que l'on retrouvera derrière l'histoire du Alesis QuadraSynth, et à qui l'on doit la modulation matricielle des Matrix. Le Matrix12 sera, par son coût d'investissement, un des responsables de la faillite d'Oberheim en 1985. Une re-fabrication fut lancé en 1991.
- Xpandeur (1984). Peut-être le premier à populariser le terme "expandeur", offrant 100 mémoires, multitimbrale 6 voix, reprenant les circuit du Matrix12. Il offre une grande profondeur de programmation grâce à un contrôle par processeur (un Z80), qui permet aussi une matrice de modulation puissante. Et il est Midi. Pour beaucoup, c'est un sommet de synthèse analogique contrôlée numériquement.
- Matrix6 (1985) est le descendant du Matrix12. C'est formellement un demi Matrix12, proposant 6 voix pour "seulement" 19 000 Fr (oui, le tiers du Matrix12 !). Il sera accompagné d'un expandeur, le Matrix6R, sorte de petit frère à l'Xpandeur (1984).
- OBXk (1986) est un clavier de commande, compagnon idéal de l'Xpandeur et du Matrix6R.
- DPX1 (1987) est un cas un peu unique chez Oberheim : c'est un lecteur d'échantillons, 12 bit avec 1 M° de RAM, qui lit les disquettes de l'Emu II, de l'Ensoniq Mirage, du Prophet 2000 et de l'Akai S900. Une manière "élégante" pour Oberheim de répondre au besoin d'échantillons de ses clients sans avoir besoin d'inventer sa propre solution d'échantillonnage.
- Matrix1000 (1988) est la version expandeur en rack 1U du Matrix 6R, avec 1000 presets dont 200 programmables.

Petit focus sur cette machine : le Matrix1000 sort en face de rompler à la mode comme les Roland D110, Kurzweil PX1000 ou Emu Protéus. Il se veut la réponse d'Oberheim à cette frénésie de sons, sans le sacrifier, le "son". Et en n'évitant scrupuleusement la voie "sample" prise par Korg, Yamaha et consorts. C'est un vrai synthé analogique avec la version slim body du CEM3396 (intégrant le processeur), mais sans le filtre multimodes du Matrix12. Les Matrix12 et Xpander roulent avec des CEM3372 permettant le filtre multimodes mais sans microprocesseur intégré : il fallait choisir une voie plus économique pour offrir une telle puissance à un tel prix. Donc pas de panneau de programmation, une interface réduite à 3 chiffres, seulement 6 voix, mais ... 1000 sons Oberheim !

Pour son prix, il n'y a pas de rabais. La machine est totalement programmable, assez souple pour qui connaît la structure d'une synthé analogique, offrant l'accès aux matrices qui font la réputation d'Oberheim. C'est un des plus indéniables de la machine. A noter que la machine a bénéficié d'une ressortie en 1994, avec une livrée blanche, pour accompagner le nouvel OBMx, lors du relancement de la gamme par Gibson.

A la suite de problème financier, Oberheim fait faillite et est rachetée par ECC (1985), puis par Gibson (1991). Tom Oberheim, parti en 1987, se retrouve alors dépossédé de son nom et de son entreprise. Deux branche apparaissent pendant un temps : la lignée Oberheim sans Tom et les synthés de Tom anonyme :
- OBMx (1994) sort au début de la vague vintage en proposant une version "améliorée" du OBXa, intégrant des reproductions de filtres Moog et SEM. Finalisé par Donald Buchla, un autre grand maître, respecté et respectant Tom, il possède un maximum de 12 voix, avec un bouton par fonction, comme sur les SEM ou la génération OB1. Mais l'OBMx a sa propre personnalité et si beaucoup le considère comme un synthé correct, peu le reconnaissent comme un grand Oberheim, respectueux de ses ancêtres.
- MSR2 (1994) est un expandeur 1U sortie chez Marion System, qui reprend la structure d'un Matrix6 avec des chips Curtis, avec la possibilité d'ajouter des cartes supplémentaires, le tout piloté par un Motorola 68000 (comme le MacPlus ou l'Amiga1000) : Tom a toujours encouragé les processeurs pour leur capacité de contrôle, réservant les composants analogiques aux filtre, VCF et VCO. Pour beaucoup, c'est le vrai et unique successeur au Matrix1000, avec un vrai accès en façade.
- OB12 (2000) n'est Oberheim que de nom. Il n'en respecte ni la philosophie hardware (c'est un Virtuel Analogique), ni l'origine, puisqu'il a été conçu en Italie par les équipes de Viscount. C'est sans doute une belle machine 12 voix, mais elle n'aurait jamais du s'appeler Oberheim.

Entre temps, Tom a récupéré l'usage de son nom et réédite ses classique en continuant à les améliorer . Le "2 voix" et le module SEM sont disponibles ainsi à la vente. Il participe activement au groupe des "Dead Présidents Society" qui rassemble informellement quelques grands innovateurs sans qui nos synthés ne seraient pas là : Roger Linn, David Smith, John Chowning, ...

Il faut noter un "clone" assez réussi du Matrix1000 : le Cheetah MS6 (1990). Il embarque les mêmes composants Curtis CEM3396 (comme les Elka EK22 et EM22), offre la même logique, avec 6 voix, 320 sons mais est multi-timbral. C'est une version basique mais puissante, sans modulation matricielle.

IMPRESSIONS

Soyons direct : le son est là, même si ce n'est pas un OB8. Mais la texture des Matrix est vraiment identique et c'est bien là l'objectif, non ? Il reprend l'architecture de son grand frère et est, de fait, un pure analogique mais à contrôle numérique (le contrôle par tension, c'est pour l'OB8). Cela explique une partie de la différence sonore, mais je vous rassure, le gros son épais et gras est bien là, même avec 6 voix. Les nappes sont impressionnantes de richesses et de profondeur même si je lui reproche une tendance on/off au niveau du timbre : c'est soit dark, soit brillant. Le mellow, il a plus de mal. C'est sans doute du au calibrage des VCF et VCA, très (trop) fin. Au final, le Matrix1000 donne réellement accès à une grande partie des sons Oberheim et globalement des grands analogiques "à puces" des années '80.

L'implémentation MIDI est vraiment complète pour un synthé analogique. Vous pouvez pratiquement tous éditer mais il faudra vous coltiner les Sysex, donc éditeur bienvenu. Par contre, pour faire du contrôle en temps réel, vous aurez parfois un petit temps de latence sur certains paramètres, ce qui l'exclu de certaine config Live. C'est du Midi de 1989, ça va lentement (horloge à 50Hz). A noter que vous pouvez le programmer depuis le panneau du Matrix6, comme un expandeur esclave. Et qu'il possède un programme dédié pour le controleur guitare : écoutez Pat Metheny en jouer O_o

Le Matrix a ses limites. Il est mono-timbrale, n'a que 6 voix mono et n'est pas programmable seul. Dans le cas d'un set de home studio, cela n'est pas un problème. Mais je comprends qu'à l'époque, le jeune home-studiste préférait se tourner vers un D110, multi-timbrale et aux sons plus variés : impossible de commencer avec un Matrix1000 seul. Ses 6 voix peuvent être dépassées en lui raccordant en cascade d'autres Matrix1000 : cela vous fait un 12 à 36 (!) voix Oberheim pour par cher.

DESCRIPTION TECHNIQUE DU OBERHEIM MATRIX 1000

Type : synthetiseur
Format : expandeur 19 pouces 1 unité de hauteur
Affichage : 3 digit à 9 LED rouge
Aftertouch : oui, mono et assignable via la matrice de modulation
Split : non
Layer : non
Synthèse : analogique soustractive
Filtre : analogique, résonnant, passe-bas 4 pôle 24 dB/octave (mais pas multimodes like Matrix12)
Oscillateur : 2 par voie, contrôlés numériquement (DCO) avec les formes de bases (Noise sur Osc2)
Enveloppe : 4 segments (DADR)
LFO : 2 avec plusieurs sources de modulations
Vibrato : 1 (un LFO dédié)
Ramp : 2 enveloppes dédiés à la modulation des LFO
Modulation : 18 fixes, et 10 matriciel à 20 sources et 32 destinations
Polyphonie : 6, dont un Guitar Mode et Unisson
Multi-timbralité : non
Mémoire interne : 1000 dont 200 users et 800 presets
Séquenceur : non
Effets : non
Sorties : mono (snif)
Entrées : non
Midi : In/Out/Thru
Dimension : 19 pouces, 1U de hauteur
Poids : x Kg
Consommation : x Watts
Année de sortie : 1987 puis 1994
Nombre produit : environs (beaucoup)
Prix neuf : 4 990 Frs
Prix d'achat : 200 € (2012)
Côte de l'occasion : 300 € (2013)
Options :
- Editeur sur PC : Matrix2001, OB6000, MatrixEd,
- Editeur sur Mac : M1000X,
- Un éditeur en vrai : l'Access Matrix Programmer

LIENS
Keyboard n°22, page 70-71.
Musicien n°5, page 131
La page de Vintage Synth
La page d'Harmony Central
Une belle page bien pointue
SOS : l'article sur le M1000
Un très bel article par Hollow Sun
Une page bien documenté de PlasticAlien
Page dédié au MIDI/Sysex du Matrix1000
Un très bel interview de Tom Oberheim

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