Quasimidi Quasar

LE SYNTHÉ VENU DE L'ELECTRO  




Le Quasar est le premier synthé de Quasimidi, une marque allemande qui va accompagner les années techno. Ce premier module - digne représentant des S&S (Sample & synthesis) - va durablement marquer de son empreinte la scène electro.

HISTORIQUE

Les allemands ont donné beaucoup à la musique synthétique : Klaus Schulze (qui est toujours un grand utilisateur de Quasar), Kraftwerk, Tangerine Dream, Propaganda, PPG, Walfdorf et ... Quasimidi. Les machines étaient exigeantes, pointues, très travaillées et réputées. Si les hommes ont survécu, toutes ces marques ont disparu et Quasimidi n'a pas échappé à cette série noire touchant les synthés teutoniques.

Créée en 1987, fermée en 2000, Quasimidi brillera pendant 13 ans avant de s'éteindre, incapable de résister à la montée des softwares, de plus en plus prisés à l'époque par la scène electro. Derrière la marque, des hommes : ses fondateurs - Friedhelm Haas et Jörg Reichstein - et des développeurs comme Jörg Schaaf, que l'on retrouve maintenant derrière les machines Radikal, lui-même musicien passionné (son profil Myspace est là pour le prouver). Comme Evolution, Quasimidi va d'abord produire des périphériques et autres kits d'extensions avant de s'attaquer à la création de leur premier synthé : le Quasar.

Conçu au début des années 90, le Quasar est présenté comme un expander de niche, dédié à l'electro et à ... la variété ! En effet, à ce stade embryonnaire, Quasimidi n'a pas encore mono-spécialisé sa machine comme elle le fera ensuite pour le Raven et autre RaveOLution : on y trouve une panoplie de sons plus proches du musette que de la techno. Il n'en reste pas moins vrai qu'il a été aussi conçu et pensé pour et par des musiciens d'électro, dance et rave. A ce titre, il marque le retour de l'arpégiateur et des potards de contrôles dédiés "live" (5), éléments devenus très rares en ces années '90. La machine est accompagnée de 2 CD de démo, l'un orienté dance, rave, techno ; l'autre orienté musette, pop et variété. D'ailleurs, on retrouvera ces sons plus classique isolés dans l'expander Caruso, le Technox hébergeant la banque synthétique (équivalent au module T.R.E, une option indispensable).

LIGNES

Une lignée courte mais qui marquera son époque durablement :
Quasar (1993) : le fondateur de la lignée. Un expander généraliste orienté techno et variété.
T.R.E. (1994) : module d'extension techno dédié au Quasar, indispensable.
Caruso (1993) : expander de sons GM orientés variété et pop, issus du Quasar.
Raven (1995) : version clavier tirée du Quasar, avec des sons plus orientés techno, un arpégiateur plus évolué, un séquenceur de pattern dédié à la scène et une ergonomie live extrêmement efficace.
Cyber-6 (1995) : clavier maître, à partir du Raven,
Technox (1995) : rack 1U reprenant les sons de la carte T.R.E améliorés.
Raven Max (1996) : nette évolution du Raven avec 8 M° de sample en plus.
RaveOLution (1996) : 
groove box signant le retour des grands panneaux de boutons.
RaveOLution 309 (1997) : évolution avec plus de sons.
Sirius (1998) : version clavier de la RaveOLution, avec Vocoder intégré.
Polymorph (1999) : le seul VA de Quasimidi, de haute tenue à base de SAM toujours.

SYNTHESE

Le cœur de cette machine n'est autre que la puce sonore conçue par l'équipe française de DREAM, que l'on retrouve dans le Sam XR ou - dans une variante - dans l'Evolution EVS1. C'est cette puce qui va accompagner l'ensemble de la gamme Quasimidi.

Les spécifications de la puce SAM9407 annoncent bien les possibilités des Quasimidi :
- capacité à simuler plusieurs types de synthèse numérique,
- supportant jusqu'à 64 voix de polyphonie en sons simples,
- acceptant jusqu'à 64 Mb de sample,
- architecturée autour d'un CPU 16 bits et d'un DSP 24 bits,
- proposant jusqu'à 16 instructions par voix, elles-mêmes connectables entre elles,
Tous cela ouvre, pour l'époque, pas mal de possibilités  de modulations que saura exploiter Quasimidi et d'autres, tant en synthèse qu'en CISC dédié aux effets (grâce au DSP). Aujourd'hui encore, ce processeur intégré - et ses déclinaisons - a une excellente réputation, même s'il est resté bien caché aux yeux des profanes.

Les concepteurs ont fait le choix de fournir un grand nombre de sons déjà programmés (comme sur le Matrix1000), construits à partir des différentes types de synthèses utilisées : FM, soustractive, additive et PCM mono-cycle. Les PCM sont échantillonnés en 16 bits (à 12 kHz selon certaines sources ?), mono-cycle, représentant 64 M° non compressés, qui tiennent finalement dans 8 M° compressés (il me semble) et sont traités via 5 algorithmes spécifiques. Et plusieurs algorithmes agencent ces différentes synthèses entre elles. Ces 1024 sons, dont on ne peut ni visualiser ni programmer la structure source (sic), sont ensuite modifiables à partir de 16 paramètres sur 4 écrans, facilement accessibles grâce aux 4 boutons en face avant : VCO, LFO, Pan, Résonance, ... On part donc toujours d'un son pour aller à un autre, jamais d'une base vierge. C'est une des vraies limites du Quasar, mais qui le rend aussi diablement efficace ensuite : c'est plus un synthé de live que de sound design.

Les échantillons sont aujourd'hui devenus des classiques, très (trop?) entendus dans les productions electro dance des années '90. Les samples de sons d'origines analogiques sont très bien représentés, correctement traités mais avec des tessitures parfois restreintes, du fait du manque de multi-échantillons. Pour la petit histoire, il semblerai qu'un différent juridique ait opposé Roland à Quasimidi quand à la paternité des samples présents dans la machine. Je n'en sais pas l'issu mais, bizarrement, Roland a cessé prématurément la distribution de la M-DC1 ;-)

Les 1024 sons d'origines (hors extension) donnent leur pleine puissance lorsqu'ils sont assemblés en Performance (200 en ROM et 100 users). Chaque Performance peut être composée de 1 à 4 sons. Les façons d'agencer les sons dans la Performance sont particulièrement bien pensées et variées, ouvrant les possibilités créatives.

La documentation disponible reste très vague sur la nature exacte de la génération sonore du Quasar, et le discours marketing de l'époque doit être examiné avec prudence, car souvent contradictoire d'une source à une autre. Si Quasimidi annonce 1024 sons, il est fortement probable que nous ayons plutôt à faire ici à plusieurs centaines de multi-échantillons, plus des ondes simples ou complexes traitées en soustractif via 5 algorithmes ou en FM (comme dans l'EVS1), avec des possibilités de mixer les PCM filtrés avec la FM. Quand à l'additive, vu la complexité de sa génération, je penche pour une solution à la Kawai K1 avec une base à partir d'échantillons issus de sons additifs. Quasimidi a toujours été très discret sur son moteur sonore et les informations disponibles restent peu fiables.

Le filtre numérique fournit un traitement très chaud qui fera souvent écrire qu'il y a quelque chose d'analogique dans cette machine. Il est à pente réglable 6, 12, 24 dB, avec une couleur sonore riche, inhabituelle sur un synthé numérique de ces années là. Il est modulable en live et peut auto-osciller en résonance.

IMPRESSION

Les sons simples rassemblent du très bons, comme du très mauvais. Sur le papier, on dispose de 1024 sons de bases, déjà programmés, à base des 4 synthèses disponibles (PCM, FM, Soustractive, Additive). A cela se rajoute (option obligatoire) les 256 sons orientés electro de la carte T.R.E. Sur les sons "synthétiques", pourtant souvent à base de PCM, la Quasar se défend vraiment très bien : basses grasses ou claquantes, nappes larges et éthérées, leads puissants, tout y est, en quantité et qualité et la carte T.R.E. est un summum. Le Quasar vous propose en particulier 19 sets de batterie analogique de très belle facture, pas toujours fidèles mais bien définis et très présents, profitant de la qualité de sortie de convertisseurs : TR808, TR303, TR909, CR78 (T.R.E.), TR606 (T.R.E.), ...

Ces sons à bases de PCM sont particulièrement bien traité et explique le doute "analogique" qui a tiraillé un certains nombre de journalistes et de musiciens. Le sons plus classiques sont bien représentés, avec mention honorable aux orgues, vents, pianos électriques et orchestres. Par contre, passez votre chemin pour les pianos acoustiques, cordes et guitares vraiment indigents. Et mention passable à certains PCM à la tessiture souvent restreinte : mettre tant de sons multi-échantillonnés dans 8 M° impose des contraintes, le bouclage est parfois imparfait ainsi que l'overlap entre échantillons.

Au niveau des Performances (jusqu'à 4 sons ensembles), on obtient de très belles articulations grâce aux possibilités bien pensées du Quasar. La machine offre un niveau réellement impressionnant de sons complexes, évolutifs et puissants, comme le DynSplit ou le UpVocSolo (très chouette). C'est un des traits du Quasar : des sons très définies, accrocheurs, aux basses très sculptées. Les convertisseurs D/A y sont pour quelques choses ainsi que l'excellente programmation du filtre passe-bas de type "analogique".

A l'usage, vous avez le choix entre 3 modes : Performance seul (1 multi-4 sons sur le canal Midi de votre choix), GM/Single (le mode multi-timbrale 16 sons - GM ou pas - sur 24 voix sans performances) ou Performance+Single (12 sons sur les voix 1 à 12 et 1 performance sur voix 13 à 16). Vu la polyphonie limitée, le mode performance reste le plus intéressant.

L'ergonomie est un des points forts de la machine. La volonté d'en faire une machine facilement programmable a conduit ses concepteurs à réduire le nombre de paramètres accessibles par sons simple ou Performances, mais en offrant plus de rapidité et d'accessibilité. Chaque écran de programmation offre 4 éléments programmables par bouton rotatif dédié. Et chaque partie (performance, sons, arpégiateur, effet 1, effet 2, drums, général, ...) dispose de son accès dédié. La circulation est en accélérée et la possibilité d'intervenir en live sur le son est réel. Cerise sur le gâteau, les modifs de jeu sont envoyées en midi out et tout les paramètres du Quasar sont adressables en Midi via un séquenceur ou un contrôleur externe : la profondeur de l'implémentation Midi est réellement impressionnante et offre aussi un matrice de modulations complète.

L'arpégiateur est un des goodies appréciables sur la machine. Simple mais bien conçu, il est pilotable en Midi et envoie lui aussi ses events vers le Midi out, permettant de récupérer l'ensemble dans un séquenceur ou de piloter un synthétiseur externe. L'arpégiateur, inusité à l'époque sur des machines numériques, est simple par ses capacités mais puissant et surtout parfaitement adapté à la musique techno et à la scène. Il est l'ancètre du Motivator qui fera les belles heures live du Raven et consorts.

Les multi-effets sont ce qui a le plus mal vieilli sur cet expander, avec de bons restes mais rajoutant souvent un souffle bien inutile. Dans la gamme Quasimidi, le Quasar semble être le plus touché, le problème étant mieux géré sur le Technox et ses frères. Pour l'époque, le résultat était satisfaisant, avec un traitement en e/s à 40 kHz/48 kHz via un DSP spécifique. Les effets peuvent être mis en parallèle ou en ligne (FX2 => FX1), ce qui permet de beau couple. N'oublions pas aussi un égaliseur 3 bandes bien utile et des fonctions poussées de modulation en anneau.


DESCRIPTION TECHNIQUE DU QUASIMIDI QUASAR


Type : expander numérique
Clavier : non
Ecran : LCD de 2 lignes de 40 caractères, retro-éclairé, LED rouge de 2 chiffres
Aftertouch : oui
Synthèse : M.A.S.S. (Multi Algorithm Sound Synthesis), numérique, à base de PCM, soustractif, additif et FM.
Oscillateur : 3
Filtres : numérique au son "analogique", passe-bas résonnant, avec pente 6dB, 12dB et 24dB
Modulation : LFO et modulation en anneau
Enveloppe : ADR
Polyphonie : 21 ou 24 voix (selon les documentations)
Multi-timbralité : 16
Mémoire interne :
- 1024 sons en ROM de base
- 200 performances en ROM de base, de 1 à 4 sons, 100 en RAM
- 64 M° (compressé en 8 M° ?) pour ??? ondes échantillonnés.
Mémoire externe : non
Séquenceur : non
Arrangeurs : non
Arpégiateur : oui
Egaliseur : oui, via les effets
Effets : oui, 2, en parallèle ou en ligne, 16 bits (puce ADSP2105), 53 effets
Sorties : stéréo D/A, 4 mono assignables, casque en façade
Midi : 2 in "mergeable"/out/thru
Dimension : rack 2 U
Poids : 6,5 kg
Année de sortie : 1993
Prix neuf : 13 500 Frs (2 000 €)
Prix d'occasion : 150 € (2014)
Option : 2 slots d'extensions (A & B)
- Carte T.R.E. (Techno Rave Electronic) : extension reprenant l'intégralité des sons du Technox, rajoutant 256 sons supplémentaires sur 1 Mb, 100 performances et 2 drumsets.
- Carte Hardcore : extension de sons indus, métalliques et analogique rajoutant 256 sons supplémentaires sur 1 Mb et 100 performances.
- Carte RAM de 768 K° pour charger jusqu'à 255 samples externe conservés en mémoire, en Midi Sample Dump (l'horreur !), rajoutant aussi 256 sons supplémentaires, 100 performances et 1 drumset.

LIENS ET SOURCES

La partie Audiofanzine sur le Quasar
Page dédiée sur GearLutz, avec des infos à vérifier
SOS revue du Quasar
La page d'Aerozone sur le Raven (clavier du Quasar)
Wikipedia, la page UK sur Quasimidi
Les forums d'AudioKeys sur Quasimidi

Arturia MiniBrute

PETIT MAIS COSTAUD*




Dans mon set, l'Arturia MiniBrute est en même temps à sa place et unique. A sa place au milieu des machines analogiques, comme le Matrix. Et unique car il est le seul représentant de son espèce : un synthé analogique monophonique sans mémoires et entièrement contrôlable par son panneau avant. C'est un vrai néo-analogique avec la particularité d'être produit par un des leaders des synthés VA logiciel ou hardware, Arturia. Comme quoi, on revient toujours au modèle, même quand on est un excellent copiste.

HISTORIQUE

C'est ici que les hasards qui n'en sont pas aboutissent à un tel produit. Derrière le Minibrute, il y a la rencontre entre Yves Husson, un grand monsieur connu pour la conception des modulaires DIY YuSynth, et Antoine Back, collaborateur chez Arturia. Le hasard, c'est que ces deux messieurs habitent Grenoble et se soient croisés un jour. Puis que l'idée de réaliser un synthé hardware analogique ait fait son chemin chez Arturia. Puis que le concept ait rencontré les attentes de Yves Husson lorsqu'on lui a proposé d'y participer. Le résultat est aujourd'hui là : le premier synthé analogique de grande diffusion conçu en France depuis au moins 30 ans (RSF Kobol, 1978). L'Arturia MiniBrute étant une machine récente et française, l'information ne manque pas (cf l'excellent test de Synthwalker sur AF) et je vous renvoie vers les liens en pied de pages pour en savoir plus.

IMPRESSIONS

Dans les lignes qui suivent, je veux me concentrer sur les points qui, à mes yeux, font la différence.

Le son : on pourrai digresser des heures sur sa conception, son origine française (cocorico !), son héritage modulaire, mais cela ne pèse pas grand chose si le son n'est pas à la hauteur de nos attentes. On connait d'autres machines néo-analo qui ont déçu sur ce point précis : la marque, l'histoire, les composants coûteux sont là mais le son n'y est pas (assez). Sur ce point précis, le MiniBrute arrive masqué. Derrière sa petit taille et son clavier de 2 octaves qui ne promet pas monts et merveilles, il offre une versatilité sonore rarement atteinte sur une machine de ce type et à ce prix. Youtube et SoundCloud fourmillent de démos plus différentes les unes que les autres. En un mot, l'écouter, c'est l'adopter.

L'efficacité : la conception inspirée des modulaires évitent les écueils du "truc" d'ingénieur coûteux en n'utilisant que des composants standards. Mais cette basique attitude est sans impact sur le résultat : vous retrouvez sur le Minibrute tout le nécessaire pour concevoir vos sons rapidement, sans fioritures inutiles. Ce synthé a été pensé pour le design sonore par des connaisseurs eux-mêmes très pratiquants. Et je confirme des deux mains : cette machine est épatante de facilité. Que vous soyez un "visualisateur" ou un programmeur itératif, vous arriverez à vos fins et le résultat ne vous décevra pas.

Sa taille : faire tenir autant de capacité dans un format si petit, c'est vraiment appréciable. On sent que le panneau avant a été optimisé au maximum pour permettre d'offrir le maximum de fonctions accessibles (plus de 40 à vue de nez).

Son originalité : le choix du filtre Steiner, à contre courant de la Moog attitude, apporte beaucoup à la machine. Et que dire des enrichissements nombreux et pertinents. Là, on sent l'origine "modulaire" ! Avec l'UltraSaw, le Métalizer (Yusynth inside!), le BruteFactor, le sub VCO, les modulations sont nombreuses et variées entre les paramètres de l'oscillateur et le LFO. Je vous le dis, que des bonnes choses pour ceux qui aiment les sons synthétiques.

Ses faiblesses : une apparente, c'est qu'il n'a qu'un VCO. Au premier abords, adieu richesse des ondes entremêlées ? Que nenni ! Yves Husson a contourné le problème avec élégance en dotant les 3 formes d'ondes standards d'un enrichissement particulier : UtraSaw, PWM, Metalizer. Le résultat, en plus des modulations du LFO, font complètement oublier la "limite" du VCO seul. Cerise sur le gâteau : les 3 formes d'ondes sont mixables ;-)

Une vraie faiblesse, c'est le clavier, juste trop petit et ne transmettant pas la vélocité (seulement en Midi, zut). Pour la vélocité, je pense qu'une prochaine mise à jour du firmware pourrait résoudre le problème. Pour le clavier, je ne vois pas de solution. Une idée pour le développement de la gamme : une version sans clavier à 400 € et une version Mk2 avec 3 octaves.

Pour finir certain diront que l'absence de mémoires est rédhibitoire. Bien au contraire. Cet appareil vous force à faire un choix entre les machines "1000 sons in the box" et la lutherie électronique. Avec le MiniBrute, vous apprenez à connaitre votre instrument au niveau de la conception même du son, pas seulement du jeu avec celui-ci, les paramètres accessibles facilement font donc partie de l'expression musicale. Si vous n'êtes pas sur d'être un sound designer, vous allez enfin le découvrir.

DESCRIPTION TECHNIQUE DU ARTURIA MINIBRUTE

Type : synthetiseur
Format : clavier de 2 octaves avec panneau avant, Midi
Affichage : aucun ;-)
Aftertouch : oui, mono et assignable au CutOf,
Split : non
Layer : non
Synthèse : analogique soustractive
Filtre : 1 VCO Steiner analogique, multimode, résonnant, 2 pôles, 12 dB/octave complété d'un sub-VCO
Oscillateur : 1, proposant 3 ondes mixables (+noise)
Enrichisseurs : Metalizer, PWM, UltraSaw, BruteFactor,
Enveloppe : 2 (filtre et segment), 4 segments (ADSR YusSynth)
LFO : 1, numérique, avec plusieurs sources de modulations, synchro sur l'arpégiateur
Vibrato : 1 (un LFO dédié)
Polyphonie : 1
Multi-timbralité : non
Mémoire interne : non
Séquenceur : arpégiateur numérique, 12 notes, synchronisable en Midi
Effets : non
Sorties : mono
Entrées : oui
Midi : In/Ou
CV/Gate : oui, 3 In/2Out
Dimension : 32x39x7
Poids : 4 Kg
Consommation : x Watts
Année de sortie : 2012
Nombre produit : plus de 3000 à fin 2012
Prix neuf : 500 €
Prix d'occasion : 485 € (2012),
Options : ?

LIENS

Des patches pour le Minibrute
La page MiniBrute sur le forum Anafrog
Le site d'Arturia très bien alimenté
Test complet sur AF par Synthwalker avec un interview passionnant d'Yves Husson.
Pas vintage mais déjà chez Vintage Synth

*Citation d'Yves Husson parlant du Minibrute.

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Roland D550

LE SYNTHE DE LA REVOLUTION


Le Roland D50 - dont le D550 est l'expandeur - a marqué l'histoire du synthétiseur à plus d'un titre. Il a mis fin au règne sans partage des Yamaha DX et autres synthés FM. Il a introduit les effets numériques intégrés sur un synthé de grande diffusion et il est l'un des premiers représentants de la génération sample & synthèse (avec le Kurzweil K1000) qui va régner jusqu'à l'arrivée de la modélisation (qu'il introduit aussi partiellement). Il pose les bases d'une architecture de synthèse qui, transformée, modifiée, fera le succès de Roland pendant un paquet d'années. Face à ce succès, comment imaginer que le Roland D50 - et son expandeur D550 - est issu d'une rencontre entre la nécessité et l'innovation ?

HISTORIQUE

Quand le D50 sort en 1987, il représente pour Roland le synthé du dernier recours. Le Yamaha DX7 a imposé sa loi depuis 1984 et les efforts de Roland pour lui résister on été vains. Ce n'est pas que Roland sorte de mauvaises machines, bien au contraire, mais la série des Juno et Jupiter qui culmine avec le JX10 (1986) - splendide analogique mais semi-échec commercial - n'est plus en adéquation avec les attentes du publics. Comme Korg, Roland souffre : l'entreprise doit se sortir de ce mauvais pas car ses réserves sont entamées depuis 1985 et ne lui permettront plus de résister longtemps.

Le président de Roland, Ikutaro Kakehashi, sait que l'avenir est au numérique. Avec ses équipes - un brin démoralisées - il a bien analysé le succès du DX et des samplers, mais aussi leurs faiblesses et limites. Il va poser un cahier des charges ambitieux : une machine simple à programmer, un moteur sonore ayant la définition du digital et la chaleur et la profondeur des analogiques Roland, des effets de qualité inboard et des sons finis immédiatement disponibles, pour marquer l'oreille dès la première écoute (Fantasia).

Très vite, la voie du sample est retenue - grâce aux travaux sur le S50 (1986) - mais Roland fait face à une contrainte majeure : même en 8 bits à 32 kHz, les samples complets sont trop lourds et saturent la ROM de 128 kb, insuffisante si l'on veut rester dans l'enveloppe budgétaire prévue. Pour contourner cette difficulté, il est décidé de construire le son en deux partie : une partie gérant des samples PCM ne contenant que de courts échantillons d'attaques et des ondes bouclées et une partie, complétant l'attaque, simulant un générateur d'ondes "analogique", avec un filtres passe-bas résonnant. C'est la fameuse synthése LA (Linear Arithmetic Synthesis), une synthèse composite, linéaire à deux positions (onde d'attaque et onde de maintien). 

En 1990, en moins de 3 ans, Roland aura vendu plus de 300 000 D50, malgré l'arrivé du Korg M1 (1988) qui a résolu le problème de mémoire, propose la multitimbralité et un séquenceur. Avec le D50, Roland a bien son best-seller qu'il saura parfaitement exploité en terme marketing.

LA SYNTHESE

Malgré un nom compliqué, la structure de production sonore est simple : un patch composé de deux tones (upper et lower), chaque tone étant composé de deux partials (équivalent d'un oscillateur) qui peuvent moduler soit un PCM, soit la modélisation analogique. Au sein de chaque tone, les partials sont agencés selon 7 structures préprogrammées, un peu comme les algorithmes des DX, dont 4 avec modulation en anneau. On peut empiler deux patch (mode Dual), divisant alors la polyphonie par 2 (16 à 8). A noter que même si les échantillons sont en 8 bits, la synthèse est bien gérée en 16 bits (processeur UPD78312G).

Pourquoi cette construction particulière à base de partials indépendants ? Parce ce qu'il faut produire un son complet à partir d’éléments aussi différents qu'un sample d'attaque court et une onde bouclée simple ("analogique" ou échantillonnée), question qui ne s'était jamais posée en ces termes avant. C'est la solution retenue par Roland pour reconstruire un son le plus réaliste possible, sans échantillonner l'ensemble de l'onde.  

Pour la partie PCM, censée donner réalisme au son, nous disposons de 99 échantillons courts en 8 bits 32 kHz, stockés sur une ROM de 128 kb (cela ne fait pas lourd vu d'aujourd'hui !). Ces échantillons sont de 3 ordres : 47 transitoires d'attaques simples, 23 ondes bouclées et 29 enchaînements d'échantillons (un peu comme une table d'ondes simplifiée). Ces échantillons n'étant pas multi-échantillonnés, la tessiture d'usage peut être restreinte, voir insuffisante (adieu piano).

Pour la partie "analogique", censée donner du corps au son, nous disposons d'une simulation d'oscillateur disposant des ondes saw et square, avec largeur variable (ce qui permet de compenser l'absence du triangle). Les ondes sont bien calculées et non échantillonnées comme dans le Korg DW8000 ou l'Ensoniq ESQ1 (il me semble que le K1000 les calcule aussi). Nous avons sans doute là un des premiers oscillateur Virtual Analogique au monde. Cette partie "analogique" est complétée par une très belle simulation de filtre 4 pôles passe-bas résonnant, mais pas encore multi-modes. Ce filtre participe beaucoup à la qualité du son du D50.

Pour la partie sculpture du son généré, nous disposons d'un set soustractif classique, traité en 16 bits : VCF, VCA, égaliseur et LFO. Les VCF et VCA traditionnels sont renommés ici TVF (Time Variant Frequency) et TVA (Time Variant Amplitude) car variables sur la durée et digitaux. Chacun dispose d'une enveloppe à 5 segments, simple mais particulièrement rapide. Il y a 3 LFO avec 4 ondes, routables vers 3 destinations. Et enfin, nous avons un égaliseur numérique 2 bandes semi-paramétrique pour parachever le travail. Ce bel ensemble permet de donner aux PCM une expressivité qui fait la différence avec les simples romplers.

Roland complète son étage de synthèse par des effets de qualité (7 chorus/flanger et 32 reverb/delay), lissant les différences entre les PCM et les ondes bouclées. A ce titre, pour la première fois, les effets ne sont pas indépendants des patchs - comme un élément supplémentaire - mais font intégralement partie du système sonore : ils participent directement à l'embellissement du son final. Cerise sur le gâteau de riz, les convertisseur D/A en 20 bits renforcent la définition et la dynamique du son.

L'ensemble bénéficie d'un chemin de programmation logique, simple qui fait aussi la force du D50 face à la complexité du DX. Pour moi, il n'y a pas de machine à l'époque qui offre tant de technologies différentes avec autant de facilité d'usage. C'est une des grandes forces du D50 : il rend accessible la puissante synthèse sonore hybride qui le constitue.

LA LIGNEE

Si on peut considérer aujourd'hui que le D50 n'a pas eu de vrai successeurs (et non ...), il a bien initié une gamme avec les D20, D110, ... même si aucun ne peut prétendre faire aussi bien en terme sonore.

Voici d'ailleurs la liste de la série D de Roland :
- D50 (1987) : l'initiateur de la lignée et son vaisseau amiral.
- D550 (1987) : l'expandeur du D50, sans joystick.
- MT32 (1987) : un expandeur à la synthèse LA simplifiée, multi-timbrale, low-cost, fait pour compléter les pianos numérique Roland ou être la source sonore des jeux video sur PC. La première génération travaille en 15 bits puis passe en 16 bits, dispose de convertisseurs de moins bonne qualité, souffle un peu beaucoup et n'est programmable que via une interface. 
- D110 (1988) : expandeur multi-timbrale du D10. Sans être capable de sortir les sons du D50, il a sa propre personnalité et une qualité indéniable, supérieure au MT32 dont il est pourtant issu. Ces convertisseurs soufflent moins, les effets sont plus restreints, il a un seul LF0, pas de PWM et la dynamique reste inférieure. Mais cela reste un bon expandeur LA.
- D20 (1988) : D110 version clavier avec séquenceur 8 pistes et lecteur de disquette. Il est plutôt un concurrent des workstations comme le Korg M1 ou le Yamaha YS200.
- D10 (1988) : un D20 sans séquenceur ni lecteur de disquette. Le vrai pendant clavier du D110.
- E20 (1988) : un MT32 avec un arrangeur et un clavier de 5 octaves.
- MT100 (1988) : un MT32 couplé avec un séquencer PR100.
- D5 (1989) : un D10 de 5 octaves.
- GR50 (1989) : un D110 couplé avec une interface pour guitare synthé.
- RA50 (1989) : l'expandeur du E20.
- CM32L (1989) : un module MT32 basic pour PC. 
- CM64 (1989) : un MT32 couplé avec un U110.
- LAPC1 (1989) : carte ISA avec un MT32 et une interface MIDI MPU401.
- CM500 (1992) : un CM32L couplé avec un SC55.

A partir du U110 (1988), Roland va renoncer à la partie modélisation analogique devenue inutile, remplaçée par des samples multi-echantillonnés complets de sons dans tous les partials (car la mémoire coûte moins cher) : c'est la synthèse RS-PCM.
En silence, Roland abandonne la voie LA composite initiée avec le D50 et ouvre une approche sample&synthesis plus classique, faites de rompler plus ou moins programmable qui durera jusqu'au XP. Les U20/U220 (1989) introduiront un filtre multi-modes et des convertisseurs de meilleure qualité qui bénéficieront au MV30 (1990).
A ce titre, le Roland D70 (1990) n'est pas l'héritier du D50 mais bien le grand frère du U20 : il ne doit son nom qu'à une manoeuvre du service marketing de dernière minute, sa carte mère portant encore la référence U50.
En fait, le synthétiseur qui succède au D50, ce serait plutôt le JD800 (1991) et JD990 (1993) qui en reprennent la même structure (sans la modélisation analogique) mais pousse son concept beaucoup plus loin, annonçant le vrai successeur que sera le JV1080 (1994). Pour une vraie modélisation analogique complète Roland (pas juste l'oscillo comme sur le D50), il faudra attendre le JP8000 (1997).

Comme héritage, il restera la structure générale patch/tone/partial présente dans tous les synthés Roland depuis, l'intégration des multi-effets que tous le monde à repris et le filtre résonnant Roland - devenu multimodes - qui va continuer à chatouiller nos oreilles longtemps. 

Et comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, on retrouve des émulations du D50 sur le Roland V-Synt (2004) et sur la suite Synthé de Légende dans le Jupiter80.

IMPRESSIONS

Le son qui sort de cette machine full digital, addition de courts échantillons 8 bits et simulation d'oscillateur analogique, est impressionnant. Si le D50 a pris la suite du Yamaha DX7, ce n'est pas pour rien. Le résultat est à la hauteur des attentes : les PCM de transitoires d'attaques donnent aux sons une précision et une reconnaissance inconnue à l'époque (sauf sur les samplers et les K1000) tandis que la partie "analogique" apporte une épaisseur et une densité (merci le filtre résonnant) qu'on ne connaissait pas sur un synthé FM (Yamaha corrigera cela à partir du DX7II/TX802 et surtout sur la série SY). Il est difficile d'imaginer que la partie "analogique" est en fait virtuel : l'efficacité de ce filtre "analo" digital est étonnante, encore aujourd'hui. 

Le D50 est particulièrement bluffant sur les sons synthétiques, les basses, les cordes, les cuivres, les orgues et les vents. Le fait de pouvoir moduler le timbre d'un partial à l'autre (via le joystick dédié), comme la possibilité d'enchaîner les partials (une sorte de mini table d'ondes que le Korg WS poussera beaucoup plus loin) permet de créer des sons jamais entendus, même s'ils s'useront très vite comme Digital Native Dance. Jean-Michel Jarre en sera un grand consommateur sur Revolution. 

La machine a aussi ses limites. La première, c'est la chute de sa polyphonie dès que l'on veut superposer (mode Dual) deux tone avec 4 partials : on tombe de 16 à 8 notes. La deuxième, c'est qu'il n'est que bi-timbrale et encore seulement sur des sons simples composés de 2 partials, ce qui exclut d'en faire l'ami d'un séquenceur (à l'inverse des M1, l'ESQ1 et D20). La troisième, c'est la relative médiocrité de ses sons acoustiques, comme le piano, lié au fait qu'il n'a pas de sons composés de multi-échantillons suffisants (sauf à contourner le problème via 4 partials). Son implémentations MIDI est incomplète (le bender n'envoie rien). Et un petit souffle en sortie apparaît quand on utilise certain effet à fond. 

DESCRIPTION TECHNIQUE DU ROLAND D50 et D550

Type : expandeur numérique
Clavier : non (oui sur D50 : 61 notes avec sensibilité et aftertouch)
Ecran : 2 lignes de 40 caractères (pas bien grand), retro-éclairé bleu,
Aftertouch : oui, mais pas polyphonique
Synthèse : soustractive, à base de PCM et de simulation analogique (LAS)
Oscillateur : 32 partiels, 16 bits (soit 99 PCM, soit modélisation analogique de 2 ondes)
Filtres : TVF, TVA et passe-bas résonnant
Modulation : 3 LFO (3 par partial) et modulation en anneau sur 4 structures
Enveloppe : 3 ADSR
Polyphonie : 8 voix en mode Dual (4 partials pour 2 tones par patch) 16 voix (2 partials pour 1 tone par patch)
Multi-timbralité : 2 maximum en mode 2 partial par sons, qui permet le Split.
Mémoire interne : 64 sons, 4 M° pour 100 ondes échantillonnés.
Mémoire externe : sur carte RAM, 64 sons
Séquenceur : non
Arrangeurs : non
Egaliseur : 2 bandes semi-paramètrique, 
Effets : 8 chorus et 16 reverb (+16 sur carte externe)
Sorties : stéréo D/A 20 bits, casque,
Midi : in/out/thru
Dimension : rack 2 U
Poids : D50 : 11,5 kg ; D550 : 6,5 kg
Année de sortie : 1987-1991
Prix neuf : 13 500 Frs (2 000 €)
Prix d'occasion : 200 € (2013)
Option :
- PG1000 : module de programmation absolument indispensable.

LIENS ET SOURCES

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Mise à jour le 9 février 2014

Korg M1R-ex

LA WORKSTATION QUI CACHAIT UN SYNTHE ...




Le Korg M1, dont le M1R-ex est un des expandeurs, restera dans l'histoire des instruments électroniques à plus d'un titre : première machine appelée "workstation", hit de vente inégalé (250 000 ex), père d'une lignée Korg prolifique. Pourtant, rien ne prédisposait Korg a être l'heureux géniteur d'une telle merveille. Mais des signes l’annonçaient : Ensoniq avait sortie une workstation accessible l'ESQ1 en 1986, 2 ans avant le M1 et Roland travaillait en parallèle sur le D20, trés semblable au M1 dans sa structure. Et deux hits numériques l'ont devancé : le Yamaha DX7 (83) et le Roland D50 (87).

HISTORIQUE

Si le M1 marque le renouveau de Korg, il a été précédé par deux étapes : le Korg DW8000 (85) et le Korg DSS1 (86). Ces deux machines marquent de façon différentes l'entrée de Korg dans le monde des synthétiseurs numériques.

1984 : face à la déferlante du Yamaha DX7, la concurrence s'organise. Avec le DW8000, Korg propose une solution hybride "numérique&analogique" intéressante, mêlant ondes échantillonnées (les fameuses DWGS), DCO-VCF-VCA et delay digital. Si le succès d'estime est réel, le DW8000 ne fit pas le poids face au son FM. En parallèle, Korg se décide à sortir son premier sampleur 12 bits, disposant d'une faible mémoire mais d'un étage de synthèse complet, fortement commun avec le DW8000 : c'est le DSS1. Il arrive malheureusement un peu tard et, comme le DW8000, ne parvient pas à s'imposer face aux 16 bits "abordables" que proposent Akai ou Cazio. En 87, le Roland D50 débarque et renvoie aux oubliettes le DX7 et tous ses challengers.

Pourtant, en silence, les équipes de Korg (racheté par Yamaha en 87) préparent leur retour. Leur idée est simple : fournir un synthé complet, homogène où chaque élément est qualitatif : des sons les plus réalistes possibles en 16 bits, un étage de synthèse soustractive facile à programmer, un bon multi-effets intégré aux mieux, un séquenceur gérant patterns et multipistes et l'excellent clavier du DX7. Le tout enrobé dans un design moderne et ergonomique. Et pour parfaire l'ensemble, une banque de samples constructeur au dessus de tout soupçons. Certains diront que tout ça, c'est du marketing pour faire vendre. Mais, honnêtement, il faut reconnaître que l'ensemble des axes proposés sont tombés pile dans l'objectif.

Le Korg M1 sort enfin en 1988. En deux ans, il s'en vendra plus de 100 000 et une partie de ces sons d'origines deviendront des standards. Korg le maintiendra en production jusqu'en 1994 : 7 ans, c'est rare pour un synthé, surtout numérique. Premier synthé appelé "Workstation", ses records de vente ne seront jamais égalés : 250 000 ex. Et il restera en vente alors que ses successeur se suivent et se remplacent (série T, 0 et X). Yamaha peut se féliciter de son achat, le M1 l'a complètement remboursé de son investissement : il permettra même à la compagnie Korg de racheter les parts de Yamaha intégralement.

Question synthèse, le M1 est proches du D50 ou de la synthèse AWM de Yamaha qui utilisent la même approche (échantillons + synthèse soustractive). Mais, à la différence du Roland D50, le M1 ne superpose pas des attaques échantillonnées avec des timbres issus d'une synthèse "analogiques" numérique. Ici, tout est construit à partir d'échantillons et d'ondes, même les timbres analogiques, comme le faisait avant lui le DW8000 (en 8/12 bits au lieu de 16 bits). Cette technologie est enfin accessible grâce au nouveau VLSI développé par Korg et Yamaha, qui permet un prix d'entrée "modique" si l'on repense à ce qu'il offrait à l'époque.

Voici en quelques lignes l'histoire de sa lignée :
- DW8000 (1985) : 8 voies, monotimbrale, il introduit la technique des ondes échantillonnées (en 8/12 bits ici) injectées dans l'oscillateur numérique, avec un traitement soustractive analogique et delay digital en sortie. Le M1 lui doit beaucoup pour la partie synthèse.
- DSS1 (1986) : sampleur et synthétiseur, il apporte au M1 sa gestion des échantillons (en 12 bits ici) et plusieurs multi-sons en ROM. Le T1 intégrera une RAM permettant d'accueillir plus de samples du DSS1.
- M1 (1988) : synthé de l'année, qui signe le renouveau attendu de Korg. Synthèse AI, 16 voies en 16 bits, 4 M° de samples (100 sons et 44 percussions), séquenceur, multi-effets.
- M1R (1989) : l'expandeur du M1 en tout point identique.
- Série T (1989) : un M1 augmenté - clavier 88 notes (T1) ou 76 notes (T2) ou 61 notes (T3), écran plus grand, lecteur de disquette, séquenceur de 50 000 events, ROM de 8 M°. RAM de 1M° pour charger des samples externes, provenant du DSS1 (uniquement sur EX et T1)
- M3R (1989): version simplifiée du M1R en rack 1U, 3 M°, 1 seul Osc par Program, pas de séquenceur et n'acceptant pas les cartes de la série M1.
- M1-ex (1990) : le M1ex voit sa ROM de sample passer à 8M°, provenant de la série T.
- M1R-ex (1990) : expandeur du M1ex, 8 M°, 190 sons, 85 percus. Un peu l'expandeur du T3.
- WaveStation (1990) : en fait, c'est lui qui aurait du succéder au M1. Une synthèse AI mature incluant vectorielle et wave sequencing issue des travaux de Dave Smith et John Bowen (anciens de Sequential, puis R&D de Yamaha). Mais l'absence de séquenceur, des bugs de jeunesse et une certaine complexité vont faire de lui le synthé Korg qui complète le M1 (il en lit les cartes) sans le remplacer. Version WS EX en 1991 (avec piano et percussion), expandeur WS A/D (1991) et WS SR (1992). Fin beaucoup trop rapide pour cette série ...
- Série 0 : censé être le successeur du M1 : 32 voies, nouveau chip, amélioration des effets et de la synthèse AI2 (mais plus de RAM). La série comprend le 01/W (1990), 01/WFD (rajoute un lecteur de disquette), 01/W Pro (1992, 76 notes) ; 01/W ProX (1992, 88 notes). Ils ont leurs expandeurs : le 01R/W (1991) idem 01/W avec séquenceur intégré. le 03R/W (1992), le successeur du M3R et le 05R/W (1993): une version demi-rack du 03.
- Série X (1993) : version downsizé de la série 0, GM. Elle comprend le X3 et X3R (1993), X2 et X5 (1994) et X5D.
- i3 (1993) : un X3 en mode arrangeur professionnel toujours basé sur la synthèse AI2.
- Trinity (1995) : il clôt la famille M/T/0/X basée sur la synthèse AI et ouvre une nouvelle ère pour Korg annoncé par le WaveDrum (1994) : la synthèse à base de modélisation physique.

IMPRESSIONS

Le Korg M1 fait partie de ces instruments électronique qui, 25 ans après leur sortie (1988), tiennent encore leur place dans un mix, c'est tout dire : quelle présence ! A la réécoute (je ne l'avais plus eu en main pendant 20 ans), j'ai été frappé par la clarté du son, son niveau de définition, sa dynamique, sa largeur stéréo et son expressivité. Le M1 excelle dans les sons de nappes aériennes, intenses ou évolutives, les choeurs éthérés, les instruments à vent, les basses percutantes. Plusieurs programmes sont devenus mythiques : Piano8, Piano16, Universe, ... même si le fameux piano me laisse plutôt sceptique, à l'inverse du reste. 

Si le Korg M1 a eu le succès que l'on sait, il faut en chercher les raisons d'abord au cœur de ce qu'il est : un grand synthétiseur. D'aucun disent qu'il est trop simple et qu'il n'offre pas une grande profondeur de programmation. Et c'est vrai, ce n'est pas un synthé de recherche. A la complexité du Yamaha DX7, il répond par une chaîne de traitements soustractive classique : DCO-DCF-DCA-Effets (renommer DCO-VDF-VDA-Effets, synthèse AI oblige, sachant que les DSP sont fait maison). Comme le DW8000, son prédécesseur, programmer un son est donc un jeu d'enfant : chaque page est complète, et les soft keys sous l'écran permettent d'aller rapidement. Même si le nombre de paramètres est restreint, il permet de brosser une très large palette sonore, avec un grain très soft, velouté qui lui est vraiment propre. Sa faiblesse vient de son filtre non-résonnant (VDF) qui limite le registre dans les basses granuleuses et grasses, même si la qualité des samples multi-échantillonnés et son niveau de sortie compensent en partie ce manque (comme sur l'Alesis QuadraSynth). Il est à noter que ni la série T, ni le 01/W ne rajouterons de filtre résonnant, restant bâtie sur la même architecture que le M1.

La richesse de sa palette sonore en font un partenaire privilégié de jeux. Il faut bien comprendre que le M1 n'est pas un rompler, un bête lecteur d'échantillons (malgré ce que certains disent). Oui, il contient bien des échantillons en ROM (4 M°, 8 M° sur la série EX) : 62 timbres multi-échantillonnés, 15 transitoires d'attaques, 23 formes d'ondes analogiques (dont 14 DWGS issues du DW8000, des ondes additives ou formant issu du DSS1) et 44 sons complets de percussions. Mais ces échantillons sont ensuite injectés dans l'oscillateur, DCO seul ou par deux dans un Program (par deux, on passe de 16 à 8 voix de polyphonie). On regrette toute de même de ne pouvoir moduler un oscillateur par l'autre en mode double (en parallèle seulement). Et chaque Program peut ensuite être inséré dans un Combi de 8 Programs maxi, offrant des possibilités d'assemblage assez unique pour l'époque, mais dans les limites de la polyphonie.

Il faut dire un mot de la qualité des échantillons dont il dispose. Korg a fait le choix avec le M1 d'échantillonner à travers le monde des timbres musicaux et variés, en plus des ondes provenant du DW8000 et des samples du DSS1. Cette bibliothèque sonore fait encore aujourd'hui référence par sa qualité et sa diversité (elle est doublée sur la série EX). Cette banque est tout sauf passe-partout. Comme Kurzweil avec le K1000, Korg propose une couleur propre, une définition du timbre qui fait que le M1 est reconnaissable entre tous. A la différence des rompleurs GM, il ne cherche pas seulement à imiter les sons mais à leur donner une identité propre. Les ingénieurs et les musiciens qui sont à l'origine de sa conception voulaient un instrument original, pas une copie, et cela s'entend dès qu'on travaille un peu ses sons et qu'on s'éloigne des banques d'origines.

Un autre point qu'il faut signaler, c'est la qualité de ses 2 multi-effets 16 bits (33 effets disponibles) qui participent directement du rendu final, en série ou en parallèle. Ici, nous avons pas affaire à un étage un peu faible (comme le D50) ou cache misère mais bien à un des points forts du M1 (identique au Korg A3). Comme les timbres, les effets ont était choisis pour élargir la musicalité du Korg M1 et participent directement du rendu sonore, et de son succès. Ils sont tous sauf transparents ou passe-partout (écoutez le Symphonic Ensemble ...). Attention par contre à son usage en mode Combi et multitimbrale, car un seul jeux d'effets s'applique à l'ensemble des Programs (comme sur le WaveStation).

Le séquenceur, de part sa capacité limité (7700 notes en mode 50 prog/50 combi, 4400 mini en mode 100 prog/100 combi), servira surtout de module à patterns ou de bloc notes. Il est bien conçu et facile à utiliser mais reste la partie la plus faible de la machine, même s'il propose 16 pistes et toutes les fonctions de base qu'on attend d'un séquenceur inboard.

DESCRIPTION TECHNIQUE DU KORG M1, M1R, M1-ex et M1R-ex

Type : worstation (synthétiseur/sequenceur/effet)
Format : clavier de 61 notes (M1 et M1ex) ou rack 2U (M1R et M1R-
Affichage : écran LCD 2 lignes (40x16) rétro-éclairé de 80 caractères
Clavier : aftertouch : oui, mono et assignable ; vélocité
Split : oui
Layer : oui
Synthèse : AI Synthesis System (échantillons et synthèse soustractive numérique), 2 osc, 2 filtres, 3 enveloppes, 1 LFO
Filtre : numérique, 16 bits (VDF : filtre numérique variable)
Polyphonie : 16 voix en mode unique, 8 en mode double, 16 oscillateurs numérique
Multi-timbralité : 8 timbres
Mémoire interne : 100 multi-échantillons (190 sur EX) et 44 samples de percussions (85 sur EX) dans 4 M° (8 M° sur les série Ex), 100 program/100 combi/4400 notes ou 50 program/50 combi/7700 notes
Séquenceur : 8 pistes, 10 songs, 100 patterns, 4400 à 7700 événements (15 400 avec carte RAM),
Effets : oui, 2 multi-effets de 33 effets en 16 bits (reverb, chorus, delay, ...) qu'on retrouve dans le Korg A3.
Sorties : 1 stéréo, 2 aux mono assignables sans effets, casque
Entrées : 2 slots pour cartes (ROM de programmes ou RAM de sauvegarde),
Pédales : 1 sustain et 2 controles assignables
Midi : In/Ou/Thru
Dimension : 100x35x11cm (M1)
Poids : 13,5 Kg (M1) et 4,5 Kg (M1R)
Consommation : x Watts
Année de sortie : 1988
Nombre produit : plus de 250 000 entre 1988 et 1994
Prix neuf : 15 000 Frs (2 300 €)
Prix d'occasion : 170 € (2013),
Options :
- Carte RAM séquenceur : 15 400 events
- Cartes ROM programmes : une grand nombre qui complète les timbres inboard ou utilisent ceux-ci
- Cartes RAM programmes : pour étendre les capacité de 100 Program et 100 Combi
- Etant un synthé "de masse', le M1 fit l'objet d'un nombre important d'options produites par des sociétés privés tierces. Je retiendrai en particulier le M1 PlusOne, avec son extension de 4M° supplémentaires, qui annoncait la série EX.

LIENS

Sound of Music : une pagé dédiée pleine à craquer de bonne chose
La page WikiUK trés bien documentée
Article très intéressant dans SOS qui revient sur l'histoire de ce best seller
Une belle page de ressources Mac et PC
Jean-Marc Melot : sa page sur le M1
Site dédié à aux série M/T
La page dédié de Polynominal
La page dédiée du site Vintage Synth

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Mise à jour 12 octobre 2013

Yamaha QY700

LE SEQUENCEUR HARDWARE ULTIME


Dans la longue tradition des séquenceurs hardware midi entamée dans les années '80, le QY700 se présente comme une sorte d'aboutissement du concept commencé avec la QX1. Il est le dernier représentant d'une lignée de machine autonome qui ne résistera pas à la montée des séquenceurs software. 

HISTORIQUE

Le QY700 aurait très bien pu s'appeler QX700, sa qualité résidant plus dans son séquenceur que dans son expandeur intégré. Les séquenceurs midi stand alone ont eu leur heure de gloire dans les années '80 et se verront progressivement dépasser par les solutions sur Atari, Mac et PC dès la fin des années '90.

A l'origine, les séquenceurs analogiques (CV/gate) permettaient de mémoriser quelques pas monophoniques, comme le Roland SQ10 (1978) qui pilotait à merveille le MS20 avec ses 24 pas. On trouve aussi dans cette catégorie le Moog960 (1968), l'ARP Sequencer (1976) et l'Oberheim MiniSequenceur (1976). Les premiers séquenceur numérique apparaissent aussi mais avec des normes propriétaires pré-Midi comme le Synthi Séquenceur (1971), le Roland MC8 (1977) ou le SCI Poly-Sequenceur (1981)

La norme Midi va modifier la donne en élargissant et homogénéisant les possibilités de contrôle. A sa suite va apparaître une nouvelle race de séquenceur, multitimbral, avec une réelle profondeur de programmation (norme Midi oblige) et une capacité de plus en plus importante en événements et sauvegardes. Les machines marquantes sont le Roland MSQ700 (1984) et MC500 (1986), l'Alesis MMT8 (1987), l'Akai ASQ10 (1986), le Korg SQD1 (1986).

C'est à cette époque que Yamaha lance la série QX. En voici l'évolution en quelques lignes :
- QX1 (1984) : 8 pistes, 80 000 events, 32 songs de 999 mesures, lecteur 5.25", sysex, grand LCD, une belle interface à bouton, 8 midi out, le summum toute catégorie à l'époque mais très cher !
- QX7 (1985) : 2 pistes, 8 000 events, 1 song, 32 patterns, mini LCD, interface dépouillée. Plus un notebook qu'un séquenceur car l'édition était très fastidieuse.
- QX21 (1986) : 2 pistes, 8 000 events, 1 song, 32 patterns, petit LCD, interface simple. Un QX7 moins cher.
- QX3 (1987) : 16 pistes, 48 000 events, lecteur 3.5", grand LCD, sysex, une très belle interface clavier. C'est le digne successeur du QX1 avec seulement 2 Midi Out, une résolution moindre et absence du mode pattern.
- QX5 (1987) : 8 pistes, 20 000 events, 1 song, 32 patterns, petit LCD, interface simple. Le bon séquenceur de base entre le QX1 et le QX7.
- QX5 FD (1988) : 8 pistes, 20 000 events, 1 song, 32 patterns, petit LCD, interface simple

Si la série des QX s'achève officiellement à la fin des années 80, Yamaha n'en délaisse pas pour autant les séquenceurs qui deviennent embarqués avec l'émergence des workstations comme le Korg M1 ou l'Ensoniq ESQ1. Yamaha suivra cette tendance avec le YS200 (1988), suivi par le V50 (1989), les SY77 (1989), SY99 (1991) et SY85 (1992) puis les W5 et W7 (1994). 

En parallèle, la série des QY va débuter en 1990 avec le QY10 qui reprend les capacités du QX5 avec un expander AWM. Je vous renvoie à la page consacrée au QY100 pour plus de détails sur l'ensemble de cette série. Ici, nous allons nous focaliser sur 3 machines en particulier :
- QY300 (1994) : c'est le retour attendu du format QX3. Séquenceur 10 songs, 24 pistes (16+8 patterns) et 53 000 events, avec édition profonde, 128 sons AWM (4 Mb en 12 bits) et 8 drumkits (polyphonie : 28), accompagnement automatique avec 27 accords reconnus, 3093 phrases à assembler en 100 style (8 patterns par style), 1 multieffets, 1 grand écran LCD, lecteur 3.5" DD, 
- QY700 (1996) : l'aboutissement du concept. Séquenceur 20 songs, 48 pistes (32+16 patterns) et 110 000 events, avec édition profonde, 480 sons AWM2, XG/GM éditables (32 Mb) et 11 drumkits (polyphonie : 32), accompagnement automatique avec 27 accords reconnus, 3975 phrases à assembler en 64 style (8 patterns par style), 3 multieffets, 1 très grand écran LCD rétro-éclairé, lecteur 3.5" HD, pitch pend, 2 midi I/O, 
- QY100 (2001) : une synthèse entre QY300 et QY700 dans un format K7 minimal. Séquenceur 20 songs, 24 pistes (16+8 patterns) et 32 000 events, avec édition profonde, 547 sons AWM2, XG/GM éditables (4 Mb) et 22 drumkits (polyphonie : 32), accompagnement automatique avec 27 accords reconnus, 4 285 phrases à assembler en 192 style (6 patterns par style), 3 multieffets, grand écran LCD non-rétro-éclairé, lecteur Smart Media, 1 midi I/O, 

Du reste, Yamaha n'est pas le seul a produire ce genre d'appareil complet. Celui qui s'en rapproche le plus, c'est le Roland MV30 (1990) et le Yamaha TQ5. Et surtout la série des MPC d'Akai qui, si elle embarque un sampler, sont à l'époque ce qui se rapproche le plus de cette outils de production autonome qu'est le QY700.

IMPRESSIONS

Le QY700 est une des machines les plus versatiles que je connaisse. Même s'il ne fonctionne pas sur pile, il est aisément portable (comme un laptop). Il ne lui manque qu'un petit clavier maître de 3 octaves et se serait parfait. C'est l'outil idéal de composition en vacances "fixes" (pour les globes trotter, il y a le QY100). 

Son séquenceur.arrangeur fait sa grande force. Il offre, dans une réelle compacité, une puissance de traitement impressionnante et aisée d'usage. Son grand écran retro-éclairé est extrêmement agréable, lisible et bien organisé. Les fonctions et accès principaux disposent de leur propre bouton et les touches de claviers, grandes et bien séparées, sont un appel à la production. Il y a là un peu de l'esprit des MPC d'Akai (ses vrais concurrents) mais surtout l'héritage du QX1, bien antérieur. Et l'idée de rajouter des molettes de modulations ne fait qu'étendre les capacités de l'engin. 

Souvent sous-estimé, la partie sonore se défend bien comme support d'arrangements et permets même un relatif travail des timbres. Il ne faut pas oublier que la synthèse AWM2 XG est ici assez profonde : on n'est pas face à un simple rompler comme le Roland PMA5. Les timbres multi-échantillonnés en 16 bits sont aisément modifiables sur un grand nombre de paramètres : enveloppes, filtres, résonances, cutt-off, ... et de façon très graphique. La synthése AWM2 se complète de la norme XG, propre à Yamaha qui offre plus de contrôle de l'expressivité, ce qui améliore d'autant le rendu final. Et comme les convertisseurs ne sont pas en restes, on a en sortie des sonorités avec de belles dynamiques, claires et détaillées. Ayant un QY100, sensément identique, on constate vite une différence à la restitution : le QY700 est vraiment un cran au dessus en terme de clarté et de définition du champs sonore. Par contre, ne nous méprenons pas, le module sonore ne peut prétendre remplacer un synthé dédié, surtout pour les solos ou les instruments mis en avant comme le piano. Là, si le QY700 ne peut pas faire de miracle, il reste tout de même un S&S (sample and synthesis) très correct ; si on fait l'effort de rentrer dans la programmation de ses paramètres.

DESCRIPTION TECHNIQUE DU YAMAHA QY700

Type : séquenceur tout en un (séquenceur, expandeur, multi-effet, mixeur)
Clavier : micro clavier monophonique, sans vélocité (sauf via MIDI), de 2 octaves, transposable 
Ecran : LCD tactile monochrome retroéclairé 320x240 pixel
Aftertouch : oui, en mode GM/GS
Contrôleurs : molettes de pitchbend et modulation
Synthèse : AWM2, 16 bits, éditables (filtres, enveloppes, résonances, ...)
Polyphonie : 32 sur les voies internes et 32 sur voies externes (via Midi)
Multi-timbralité : 16 
Mémoire interne : 32 Mb acceuillant 480 sons et 11 drumkits, XG/GM
Mémoire externe : via dump Midi, disquette 3,5" 2HD
Séquenceur : 48 pistes (32 instruments+16 arrangeurs) plus 3 pistes (figures, accords, tempo), 20 morceaux, 110 000 events, résolution : 1/480.
Arrangeurs : 64 styles users, 8 patterns maximum par styles, 768 patterns, 8 mesures maxi par pattern, 16 phrases par patterns, 3 975 phrases disponibles (dont 99 users), 27 types d'accords reconnus
Effets : 3 simultanés (16 bits) dont 11 réverb, 11 chorus et 42 variations
Sorties : 1 stéréo, 1 casque
Entrée : 1 footswitch
Midi : In/Out x 2
Dimension : 353x305x90
Poids : 3,5 kg
Année de sortie : 1996
Prix neuf : 950 € (6 000 Fr)
Prix d'occasion : 80 € (2013)


LIENS ET SOURCES

Test du QY700 dans SOS
La page de Yamaha US sur la série QY
La page dédiée de Synthony
La page dédiée de Vintage Synth
L'espace QY700 sur AF
La page Yamaha toujours accessible
Page d'une compositeur sur le QY700


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Oberheim Matrix1000

LA COLLECTION OBERHEIM POUR TOUS


Quand Oberheim se décide à sortir le Matrix1000, c'est la réponse d'un grand de l'analogique face à la déferlante des romplers et autres boites à sons. Et quelle réponse : 1000 sons Oberheim éditables dans un rack 1 pouce, cela ne s'était jamais vu et surtout pas à ce prix là. Et ceux qui avait peur que la qualité ne soit pas au rendez-vous seront vite rassurés : le son si caractéristique de la marque, et des Matrix en particulier, est bien présent, faisant de ce petit expandeur un ''must have'', aujourd'hui encore très recherché.

HISTORIQUE

Si la genèse d'Oberheim remonte au premier module monophonique SEM (1974) et au premier analogique à mémoire OB1 (1978), la ligné du Matrix1000 remonte au Matrix6 (1985), premier effort pour proposer un synthé analogique Oberheim à un plus large public. Chez Oberheim, le souci du musicien a toujours été prédominant. Tom est venu aux synthés à travers sa clientèle de musiciens : il avait fait l'UCLA et distribué des synthés. Il réalisait divers modules électroniques au début des années 70 : phaser, séquenceur, effets ...

Voici en quelques lignes (je n'en suis pas un spécialiste) les grandes machines de Tom Oberheim :
- SEM (1974), module analogique contrôlé par tension suivi des 2 à 8 voix (1975), des SEM empilés. C'est clairement du semi-modulaire, puisque chaque module SEM est indépendant. On pouvait lui adjoindre un programmeur à 16 mémoires, un séquenceur de 2x8 notes, un simple ou double clavier (from Emu), des interfaces, ... Pour les puristes, c'est l'Oberheim de référence.
- OB1 (1978) est un monophonique à mémoire (8), entièrement programmable, du niveau d'un SEM, mais mieux intégré question mémorisation. Un killer de Roland SH101, s'il n'y avait eu le prix ...
- OBX (1979) rassemble 4, 6 ou 8 voix d'OB1, avec 32 mémoires. Sensé être la réponse au Sequencial Prophet5, il faudra en fait attendre l'OBXa.
- OBSX (1980), la version non-programmable à mémoire (56).
- DMX (1980), la boite à rythme à base de samples qui va bien avec l'OBX et le séquenceur DSX.
- OBXa (1981) : synthétiseur polyphonique 4, 6 ou 8 voix, reprenant la base de l'OBX en mieux : plus léger (!?), une meilleure capacité de programmation, un filtre commutable, splitable, deux LFO. Pour beaucoup, il reste le dernier "pure" analogique d'Oberheim.
- DSX (1981), le premier séquenceur polyphonique (6000 events) qui va bien avec l'OBX et la DMX. L'ensemble vous faisait une petite station de travail, le Oberheim System.
- DX (1982), version light de la BAR DMX.
- OB8 (1983) vient succéder à l'OBXa. Les contrôles ne se font plus par tension, c'est l'émergence des microprocesseurs, garant d'une meilleure stabilité, d'un son plus fin mais sans doute aussi moins "vivant".
Matrix12 (1984), synthé analogique 12 voix et Midi (nouveau chez Oberheim). Il vient compléter la gamme par le haut : à l'époque, l'OB8 coutait 40 000 Fr, le Matrix12 coutait 60 000 Fr. Le Matrix12 proposait 100 mémoires, un filtre multimode extrêmement puissant, une programmation profonde, c'était le "must have" de l'époque en grosse machine. Il est désigné par Marcus Ryle et Michael Doidic, que l'on retrouvera derrière l'histoire du Alesis QuadraSynth, et à qui l'on doit la modulation matricielle des Matrix. Le Matrix12 sera, par son coût d'investissement, un des responsables de la faillite d'Oberheim en 1985. Une re-fabrication fut lancé en 1991.
- Xpandeur (1984). Peut-être le premier à populariser le terme "expandeur", offrant 100 mémoires, multitimbrale 6 voix, reprenant les circuit du Matrix12. Il offre une grande profondeur de programmation grâce à un contrôle par processeur (un Z80), qui permet aussi une matrice de modulation puissante. Et il est Midi. Pour beaucoup, c'est un sommet de synthèse analogique contrôlée numériquement.
- Matrix6 (1985) est le descendant du Matrix12. C'est formellement un demi Matrix12, proposant 6 voix pour "seulement" 19 000 Fr (oui, le tiers du Matrix12 !). Il sera accompagné d'un expandeur, le Matrix6R, sorte de petit frère à l'Xpandeur (1984).
- OBXk (1986) est un clavier de commande, compagnon idéal de l'Xpandeur et du Matrix6R.
- DPX1 (1987) est un cas un peu unique chez Oberheim : c'est un lecteur d'échantillons, 12 bit avec 1 M° de RAM, qui lit les disquettes de l'Emu II, de l'Ensoniq Mirage, du Prophet 2000 et de l'Akai S900. Une manière "élégante" pour Oberheim de répondre au besoin d'échantillons de ses clients sans avoir besoin d'inventer sa propre solution d'échantillonnage.
- Matrix1000 (1988) est la version expandeur en rack 1U du Matrix 6R, avec 1000 presets dont 200 programmables.

Petit focus sur cette machine : le Matrix1000 sort en face de rompler à la mode comme les Roland D110, Kurzweil PX1000 ou Emu Protéus. Il se veut la réponse d'Oberheim à cette frénésie de sons, sans le sacrifier, le "son". Et en n'évitant scrupuleusement la voie "sample" prise par Korg, Yamaha et consorts. C'est un vrai synthé analogique avec la version slim body du CEM3396 (intégrant le processeur), mais sans le filtre multimodes du Matrix12. Les Matrix12 et Xpander roulent avec des CEM3372 permettant le filtre multimodes mais sans microprocesseur intégré : il fallait choisir une voie plus économique pour offrir une telle puissance à un tel prix. Donc pas de panneau de programmation, une interface réduite à 3 chiffres, seulement 6 voix, mais ... 1000 sons Oberheim !

Pour son prix, il n'y a pas de rabais. La machine est totalement programmable, assez souple pour qui connaît la structure d'une synthé analogique, offrant l'accès aux matrices qui font la réputation d'Oberheim. C'est un des plus indéniables de la machine. A noter que la machine a bénéficié d'une ressortie en 1994, avec une livrée blanche, pour accompagner le nouvel OBMx, lors du relancement de la gamme par Gibson.

A la suite de problème financier, Oberheim fait faillite et est rachetée par ECC (1985), puis par Gibson (1991). Tom Oberheim, parti en 1987, se retrouve alors dépossédé de son nom et de son entreprise. Deux branche apparaissent pendant un temps : la lignée Oberheim sans Tom et les synthés de Tom anonyme :
- OBMx (1994) sort au début de la vague vintage en proposant une version "améliorée" du OBXa, intégrant des reproductions de filtres Moog et SEM. Finalisé par Donald Buchla, un autre grand maître, respecté et respectant Tom, il possède un maximum de 12 voix, avec un bouton par fonction, comme sur les SEM ou la génération OB1. Mais l'OBMx a sa propre personnalité et si beaucoup le considère comme un synthé correct, peu le reconnaissent comme un grand Oberheim, respectueux de ses ancêtres.
- MSR2 (1994) est un expandeur 1U sortie chez Marion System, qui reprend la structure d'un Matrix6 avec des chips Curtis, avec la possibilité d'ajouter des cartes supplémentaires, le tout piloté par un Motorola 68000 (comme le MacPlus ou l'Amiga1000) : Tom a toujours encouragé les processeurs pour leur capacité de contrôle, réservant les composants analogiques aux filtre, VCF et VCO. Pour beaucoup, c'est le vrai et unique successeur au Matrix1000, avec un vrai accès en façade.
- OB12 (2000) n'est Oberheim que de nom. Il n'en respecte ni la philosophie hardware (c'est un Virtuel Analogique), ni l'origine, puisqu'il a été conçu en Italie par les équipes de Viscount. C'est sans doute une belle machine 12 voix, mais elle n'aurait jamais du s'appeler Oberheim.

Entre temps, Tom a récupéré l'usage de son nom et réédite ses classique en continuant à les améliorer . Le "2 voix" et le module SEM sont disponibles ainsi à la vente. Il participe activement au groupe des "Dead Présidents Society" qui rassemble informellement quelques grands innovateurs sans qui nos synthés ne seraient pas là : Roger Linn, David Smith, John Chowning, ...

Il faut noter un "clone" assez réussi du Matrix1000 : le Cheetah MS6 (1990). Il embarque les mêmes composants Curtis CEM3396 (comme les Elka EK22 et EM22), offre la même logique, avec 6 voix, 320 sons mais est multi-timbral. C'est une version basique mais puissante, sans modulation matricielle.

IMPRESSIONS

Soyons direct : le son est là, même si ce n'est pas un OB8. Mais la texture des Matrix est vraiment identique et c'est bien là l'objectif, non ? Il reprend l'architecture de son grand frère et est, de fait, un pure analogique mais à contrôle numérique (le contrôle par tension, c'est pour l'OB8). Cela explique une partie de la différence sonore, mais je vous rassure, le gros son épais et gras est bien là, même avec 6 voix. Les nappes sont impressionnantes de richesses et de profondeur même si je lui reproche une tendance on/off au niveau du timbre : c'est soit dark, soit brillant. Le mellow, il a plus de mal. C'est sans doute du au calibrage des VCF et VCA, très (trop) fin. Au final, le Matrix1000 donne réellement accès à une grande partie des sons Oberheim et globalement des grands analogiques "à puces" des années '80.

L'implémentation MIDI est vraiment complète pour un synthé analogique. Vous pouvez pratiquement tous éditer mais il faudra vous coltiner les Sysex, donc éditeur bienvenu. Par contre, pour faire du contrôle en temps réel, vous aurez parfois un petit temps de latence sur certains paramètres, ce qui l'exclu de certaine config Live. C'est du Midi de 1989, ça va lentement (horloge à 50Hz). A noter que vous pouvez le programmer depuis le panneau du Matrix6, comme un expandeur esclave. Et qu'il possède un programme dédié pour le controleur guitare : écoutez Pat Metheny en jouer O_o

Le Matrix a ses limites. Il est mono-timbrale, n'a que 6 voix mono et n'est pas programmable seul. Dans le cas d'un set de home studio, cela n'est pas un problème. Mais je comprends qu'à l'époque, le jeune home-studiste préférait se tourner vers un D110, multi-timbrale et aux sons plus variés : impossible de commencer avec un Matrix1000 seul. Ses 6 voix peuvent être dépassées en lui raccordant en cascade d'autres Matrix1000 : cela vous fait un 12 à 36 (!) voix Oberheim pour par cher.

DESCRIPTION TECHNIQUE DU OBERHEIM MATRIX 1000

Type : synthetiseur
Format : expandeur 19 pouces 1 unité de hauteur
Affichage : 3 digit à 9 LED rouge
Aftertouch : oui, mono et assignable via la matrice de modulation
Split : non
Layer : non
Synthèse : analogique soustractive
Filtre : analogique, résonnant, passe-bas 4 pôle 24 dB/octave (mais pas multimodes like Matrix12)
Oscillateur : 2 par voie, contrôlés numériquement (DCO) avec les formes de bases (Noise sur Osc2)
Enveloppe : 4 segments (DADR)
LFO : 2 avec plusieurs sources de modulations
Vibrato : 1 (un LFO dédié)
Ramp : 2 enveloppes dédiés à la modulation des LFO
Modulation : 18 fixes, et 10 matriciel à 20 sources et 32 destinations
Polyphonie : 6, dont un Guitar Mode et Unisson
Multi-timbralité : non
Mémoire interne : 1000 dont 200 users et 800 presets
Séquenceur : non
Effets : non
Sorties : mono (snif)
Entrées : non
Midi : In/Out/Thru
Dimension : 19 pouces, 1U de hauteur
Poids : x Kg
Consommation : x Watts
Année de sortie : 1987 puis 1994
Nombre produit : environs (beaucoup)
Prix neuf : 4 990 Frs
Prix d'achat : 200 € (2012)
Côte de l'occasion : 300 € (2013)
Options :
- Editeur sur PC : Matrix2001, OB6000, MatrixEd,
- Editeur sur Mac : M1000X,
- Un éditeur en vrai : l'Access Matrix Programmer

LIENS
Keyboard n°22, page 70-71.
Musicien n°5, page 131
La page de Vintage Synth
La page d'Harmony Central
Une belle page bien pointue
SOS : l'article sur le M1000
Un très bel article par Hollow Sun
Une page bien documenté de PlasticAlien
Page dédié au MIDI/Sysex du Matrix1000
Un très bel interview de Tom Oberheim

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